Jiro Taniguchi est un des mangakas les plus appréciés en France, entre autres à cause de ses dessins résolument réalistes, de ses tomes plutôt longs et du fait qu’il ait pris le parti de produire moitié moins de pages que ses autres collègues mangakas, adoptant ainsi une démarche, plus “artistique” que commerciale d’une manga, une attitude que le public européen a su récompenser. Fortement inspiré par le genre gekiga (des mangas ciblants les adultes) ainsi que par des réalisateurs comme Kurosawa, il a batit au fil des ans une oeuvre qui a été récompensée par de nombreux prix notemment au festival d’Angoulême.
J’ai eu la chance d’assister à une de ses conférence ou assiter de Sam Gabarski, il expliquait la démarche qui l’a mené à l’adaptation du film Quartier Lointain, qui sort prochainement sur nos écrans. Le héros, un homme de 50 ans qui trouve sa vie décevante, se retrouve un coup du sort, à revenir à l’époque et dans le corps de ses 14 ans, avec cependant ses souvenirs et attitudes intactes. Il décide de tenter d’empêcher son père de quitter leur famille et ainsi changer son destin.
Ce manga est un de mes préférés et j’avoue avoir été surprise que l’adaptation de Quartier Lointain soit faite dans un cadre occidental, mais le résultat a l’air vraiment réussi.
Sam Gabarski et Jiro Taniguchi nous ont confié, que si ils avaient l’occasion de retourner à leur 14 ans, et bien ils en profiteraient pour embrasser la fille dont ils étaient secrètement amoureux, et trop timides pour l’approcher. Mais dans l’ensemble, ils n’avaient pas beaucoup de regrets :leurs parents étaient toujours en vie, ils avaient suivis leur rêves en travaillant dans des domaines qui les passionniaient, ce qui était à leur sens les secrets d’une vie réussie.
Mr Taniguchi nous a donc expliqué pourquoi la nostalgie et les souvenirs relatifs à sa propre jeunesse hantaient certaines de ses oeuvres: ne se sentant pas forcément à même de comprendre les jeuens japonais d’aujourd’hui, leurs problèmes et leurs aspirations, il s’est naturellement tourné vers ce qu’il connaissait le mieux, sa propre jeunesse.
Je lui ai demandé alors si il ne pensait pas qu’en dépit des époques, les problèmes, les aspirations de la jeunesse ne restaient pas proches?
Beaucoup d’émotions qui surviennent à l’adolescence ne changent pas au travers des époques. La jeunesse a l’énergie d’aller de l’avant, ce n’est pas un moment ou on est porté à l’introspection, ce qui est, cependant, le thème de mes histoires, le fait de jeter un regard en arrière, revenir dans des cadres revolus.
L’entrevue était brève, mais vraiment riche et je vous conseille les mangas de l’auteur et le film.
P.S.:J’ai lancé mon site Brèves de vies sur lequel j’interview des auteurs et Florian Houdart, dont l’interview paraitra d’ici quelques semaines, m’a également interviewé ici, sur son blog L’arrache Coeur que je vous conseille.