Un jour, je me suis rendue compte qu’en regardant tout ces magasines, ces pubs dans les journaux, dehors, dans le métro, à la radio, à la télé, sur Internet, que nous étions entourés inaccessibles maigres adolescentes, sans compter toutes ses stars et leurs vies que l’on voit partout et qui, par principe, sont tellement plus intéressantes que la nôtre, érigées en modèle.En plus de leur vie, leur corps est un temple adoré par des millions de femmes et d’hommes. Et selon le modèle dominant que nous imposent ces personnalités qui sont partout ou nos yeux se posent, il faut être JEUNE, belle, blonde, grande, très minces.
Nombre d’entre nous s’y conforment de manière plus ou moins consciente.
Ceux qui n’y correspondent pas sont implicitement raillés, ne serait ce que par leurs proches. Les femmes âgées qui n’y correspondent particulièrement plus, par âgées j’entends 65 ans et plus n’ont que très peu de femmes qui correspondent à leur tranches d’âge: une ou deux actrices, quelques femmes politiques et absolument aucune visibilité dans les médias. Ceux qui leur sont réservées les infantilisent, proposant joyeuses activités de tricot pour les petits enfants et recettes de cuisines de grand mère comme étant le nec plus ultra de ce qu’une femme dans la fleur de l’age peut faire pour occuper son temps.
On valorise le fait que toutes les maladies ont un remède, toutes sauf une: la vieillesse. Alors, puisqu’on ne peut la vaincre, il faut la dissimuler car la vieillesse est une honte, une preuve que l’on est faillible, éphémère et que, oui, nous sommes tous mortels.
Certains et certaines, me rétorqueront: oui mais on a bien le droit, aujourd’hui de défier le temps, pourquoi se soumettre à une telle injustice si on a la possibilité de la contourner?
En premier lieu, pour rester honnête vis à vis de soi et en second lieu, parce qu’on ne peut pas contourner la vieillesse, on se contente de la cacher sous une tonne d’anti-rides, de botox, mais cette sournoise finit toujours par revenir.
Alors on ferme les yeux sur ceux qui n’arrivent pas bien à cacher leur âge de plus en plus imposant au gfil des années, et les stigmates qui l’accompagnent tels que la prise de poids, les rides, les taches de vieillesse et autres varices qui ne sont pas vraiment glamour. Et pour ceux dont le constat est trop flagrant, et bien on les cache, que ce soit en maison de retraite ou dans des petits studios.
En contrepartie, mes congénères plus jeunes appelés joyeusement les ados sont partout, sublimés au cinéma, décortiqués au journal télévisé, dans les livres de Marcel Rufo, dans les émissions pédagogiques, dans les best-sellers. Pourtant, particulièrement en Europe, les personnes âgées sont bien plus nombreuses mais si peu médiatisées.
En effet, qui voudrait s’embarrasser de vieux quand on a l’occasion, pour quelques heures, de revivre sa jeunesse que l’on croyait disparue à jamais?